Pionnière des boutiques créateurs avec un espace ouvert en 1988 à Paris, Maria Luisa Poumaillou est une passionnée de mode fidèle, à qui aucun couturier n’échappe. Audacieuse et avant-gardiste, elle propose une sélection pointue de designers dans ses boutiques à travers le monde. Rencontre au sein du Printemps Haussmann avec une femme entière, organique, libre à la sensibilité créative forte.
Maria Luisa, quel est votre parcours ?
Je ne pensais pas travailler dans la mode car j’ai fait science Po, c’est donc un concours de circonstances. Mais je viens du Venezuela, d’un milieu Sud Américain, où culturellement il est naturel de prendre soin de son apparence, c’est très latin. Ma mère avait aussi la chance de pénétrer dans les maisons de couture et d’assister aux défilés. Elle m’amenait avec elle quand j’étais petite, ce qui m’a donné une éducation, ainsi que le goût du très beau, du très créatif et du parfait.
Comment vous est venue l’idée d’ouvrir votre première boutique multimarques rue Cambon en 1988 ?
C’est une suite de hasards. Dans les années 80, il y avait deux mondes : le classique avec les maisons de couture vieillissantes, et les nouveaux créateurs. A l’époque, j’avais aidé une de mes copines qui lançait sa marque. On s’est dit qu’il nous fallait un lieu. C’est là que j’ai ouvert ma première boutique multimarques Rue Cambon, un endroit dédié aux créateurs, où il était possible de trouver leurs collections. J’ai fait une liste de jeunes créateurs (Martine Sitbon, Helmut Lang, Jean Paul Gaultier…) en qui je croyais, et avec lesquels j’aurai aimé m’habiller. Je les ai contacté persuadée que si j’aimais, le grand public aussi. Et ça a marché ! Tout ça n’était au départ que très organique et intuitif.
Maria Luisa, c’est une leçon de style pérenne
Et aujourd’hui, quel est votre rôle au sein du Printemps Haussmann ?
Quand j’ai fermé ma boutique multimarque Rue Cambon, puis rue Mont Thabor, je cherchais avec mon équipe, comment continuer à faire ce que nous aimions avec du sens, en prenant compte d’un monde, où tout était devenu accessible en un clic. J’ai donc passé un accord avec le groupe Yoox pour offrir une offre sur le site de vente en ligne Thecorner.com, et quand le Printemps m’a fait la proposition d’ouvrir un espace créateur au deuxième étage de son magasin, je me suis dit « génial ». Aujourd’hui, nous sommes la pointe de l’iceberg mode du Printemps. Nous travaillons avec des marques et des créateurs qui ont une véritable identité. Nous aidons nos clientes à construire leur style. C’est un espace ouvert qui permet à chaque femme de sortir mieux que ce qu’elle rentre. C’est une leçon de style pérenne.
Justement, comment faites-vous votre sélection ?
Dans un monde où tout est accessible sur le web, il faut savoir se renouveler mais garder son adn ! C’est une histoire d’œil et d’editing. Robin (ndlr : Robin Schulie, directeur des achats) et moi, sommes connus pour notre sélection, qui a pour l’instant été plébiscitée par les clientes du monde entier. Je n’ai jamais prétendu imposer mon style aux femmes, mais je leur offre un choix, où l’identité et la qualité sont essentielles. Dans nos boutiques, on a toujours privilégié les achats de pièces fortes, mais surtout des vêtements portables, qui ne dénaturent pas la personne, mais qui viennent enrichir une personnalité. Ce qui est l’exact opposé de ressembler à tout le monde. Pour cela, nous voyageons, et couvrons les fashions week. Nous sommes aussi jurys dans plusieurs écoles, où nous suivons les créateurs depuis leurs débuts. Il y a des designers avec lesquels je travaille depuis longtemps, mais il y a toujours une part qui est ouvert à la nouveauté
Quels sont les essentiels de votre garde robe ?
Noir toujours et noir encore. Je plaisante (rire), j’aime aussi la couleur. Je privilégie les pièces fortes qui durent, par dessus une tenue classique plus unis et basique, comme les vestes et les manteaux : imprimés, zèbre, panthère, en cuir, vinyle. J’en ai de toute sorte. Je n’hésite pas à mélanger, je peux porter une veste Rick Owens avec un pantalon Yohji Yamamoto. Il faut surtout que le vêtement soit confort, qu’il ne casse pas mon allure.
Christophe Lemaire, Marc Jacobs, et Elie Saab… Cet hiver, ces trois créateurs font leur entrée dans votre espace du Printemps Haussmann, pourquoi ce choix ?
Christophe Lemaire parce que je cherchais un produit chic et éternel, qui puisse séduire une fille active. J’aime ce côté très français. Il me semblait judicieux de me pencher sur ce créateur qui a beaucoup de goût, et qui propose une collection de pièces intemporelles. Marc Jacobs, j’ai eu un véritable coup de cœur pour sa dernière collection minimale et luxueuse. Le choix d’Elie Saab, s’est imposé parce qu’avec le Printemps, nous souhaitons développer l’offre robes du soir. En plus d’être sexy, féminine et sensuelle, ses robes coutures sont d’une extrême qualité.
Quels sont vos projets ?
Je vais continuer à développer l’espace créateurs et Maria Luisa Mariage au sein du Printemps. Je poursuis les collaborations avec les designers sur des collections capsule en vente en exclusivité dans nos boutiques. Je déploie aussi notre présence sur internet via le online avec Thecorner.com. En ce moment, j’ai le projet d’ouvrir de nouveaux multimarques et mono marque en Chine, avec une véritable ligne éponyme.
© Portrait Olivier Zahm
Maria Luisa Printemps
64, boulevard Haussmann / étage 2
75009 Paris
Toutes les adresses des boutiques Maria Luisa sur
http://www.marialuisa.fr
http://www.printemps.com/